RDC: début du procès des assassins présumés des experts de l'ONU

La justice militaire congolaise a ouvert lundi le procès des présumés assassins de deux experts de l'ONU tués en mars dans le Kasaï, dans le centre de la République démocratique du Congo, théâtre d'une rébellion depuis septembre 2016, a-t-on appris auprès de la défense.

Le tribunal militaire de garnison de Kananga a « ouvert le procès aujourd'hui (lundi 5 juin) avant de le renvoyer à lundi (12 juin) sur demande du ministère public », a déclaré à l'AFP Me Trésor Kabangu, avocat de deux présumés assassins des experts de l'ONU.

Les deux présumés assassins ont comparu et sont poursuivis pour « crime de guerre par meurtre, crime de guerre par mutilation, terrorisme, participation à un mouvement insurrectionnel », a-t-il expliqué.

En mai, la justice avait indiqué que 16 personnes étaient « incriminées » dans cette affaire.

La demande de renvoi a été faite après que la défense eut mis en cause la « compétence du tribunal: est-il habilité à juger le crime de guerre? », s'est interrogé Me Kabangu, qui estime par ailleurs que la détention de ses clients est « irrégulière ».

« Il faut régulariser la détention » et « nous souhaitons que ce procès soit un combat loyal », a-t-il ajouté.

L'Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, deux experts missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur les violences dans la province du Kasaï-central, secouée par la rébellion de Kamuina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire, avaient été enlevés le 12 mars et leurs corps retrouvés 16 jours plus tard dans une fosse commune. Mme Catalan a été décapitée et sa tête n'a pas été retrouvée.

Depuis septembre 2016, la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamuina Nsapu, chef traditionnel tué en août lors d'une opération militaire après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa.

Michael Sharp et Zaida Catalan faisaient partie d'un groupe d'experts qui enquêtaient sur une quarantaine de fosses communes découvertes dans la région. 

Selon l'ONU, ces violences ont fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,3 million de personnes.

Le 1er juin, plusieurs ONG congolaises et internationales ont appelé le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à lancer une enquête internationale sur ces violences meurtrières.

Ce procès s'est ouvert, 48 heures après le séjour du président Joseph Kabila au Kasaï, sa première visite officielle dans la région, huit mois après l'éclatement des violences.

(AFP)

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