Trafic frauduleux de minerais: six véhicules saisis à Goma

Six véhicules 4x4 des particuliers et ONG, saisis pour fraude minière, ont été présentés aux médias mercredi 13 décembre à Goma (Nord-Kivu). Ces véhicules étaient interceptés successivement par les forces et services de sécurité entre vendredi dernier et mercredi matin en territoire de Masisi et à la grande barrière à Goma. Ils contenaient des colis de coltan en voie d’évacuation frauduleuse vers le Rwanda, a indiqué le ministre provincial des Mines. 
 
Deux de ces véhicules saisis appartiennent à Action contre la faim (ACF). L’un est une propriété du HCR, mise à la disposition de la CNR. L’autre est un prêt de l’Association du Barreau américain au parquet de grande instance de Goma. Un autre véhicule est de la société Graben Security et le sixième immatriculée 5215 AE/19, qui portent l’identifiant « The Punisher, d’un particulier qui semble une personnalité influente en RDC et au Rwanda, selon certaines indiscrétions. 
 
En plus de ces véhicules, trois bidons de 25 litres ont été saisis jeudi matin vers Mubambiro, contenant environ 150 kilos de coltan enfuis dans du lait de vache frais.
 
Il y a eu certes d’autres cas de fraude décelés cette année, mais le ministre provincial des mines, Anselme Kitakya, se dit étonné par cette dernière saisie :
 
«Un cas [du véhicule] que nous venons de saisir ce matin à la grande barrière entre le Nord-Kivu et le Rwanda. Dans ce véhicule, on trouve un tableau de bord qui montre que, jour après jour, il est transporté 5 tonnes de coltan ou 5 tonnes de nos minerais à destination du pays voisin. Et nous, nous demandons où sont passés nos services, quand ce véhicule sert à la fraude ? »
 
Si les véhicules des ONG et des personnalités influentes de l’Etat sont maintenant utilisés dans la fraude minière, cela constitue une preuve que les fraudeurs, sous pression des services de contrôle, changent de méthode, mais aussi que les partenaires internationaux dans la traçabilité minière ne jouent pas aussi franc jeux, pense Daniel Mbayo, coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM).
 
« Aujourd’hui, nous voulons prouver à la face du monde que le coltan déclaré par les pays voisins, c’est notre coltan. Nous demandons à nos partenaires de jouer franc jeu », a-t-il poursuivi.

Il y a peu de comptoirs d’achat des minerais opérationnels à Goma et la frontière sur le lac Kivu n’est pas bien surveillée du fait que la force navale n’a pas les moyens pour cela. En outre, le réseau de trafic des minerais remonte jusqu’aux personnalités influentes du pays, a indiqué Anselme Kitakya.
 
Quelques personnes, dont le nombre n’a pas été révélé, sont aux arrêts dans cette affaire, a annoncé le ministre provincial des Mines. Pour les ONG impliquées, le Directeur d'action contre la faim en RDC, Luc Bellon, précise que l’affaire implique seulement un des leurs chauffeurs et non cette ONG à but non lucratif. Il dit attendre l’issue de l’enquête à ce sujet.

Dans l’attente que ce secteur soit bien assaini dans la région, le ministre provincial des Mines dit reconnaître que le trafic frauduleux des minerais reste un manque à gagner important pour l’économie de la province. 
 

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