À la frontière avec la RDC, l’Ouganda et l’OMS vaccinent les agents de santé contre Ebola


 
Avec l’appui de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère de la Santé ougandais a commencé mercredi 7 novembre à vacciner ses agents de santé en première ligne dans la lutte contre le virus Ebola qui sévit dans la République démocratique du Congo (RDC) voisine. 
 
La vaccination des agents de santé a débuté dans le district de Ntoroko, situé dans la région Ouest de l’Ouganda, frontalière de la RDC. Elle sera ensuite élargie à quatre autre districts (Bundibugyo, Kabarole, Kasese et Bunyangabu) également limitrophes de la RDC et considérés comme étant « à haut risque ». 
 
Selon l’OMS, le risque de voir le Ebola entrer en Ouganda est « fort probable » en raison de la proximité de l’épicentre actuel du virus, des importants mouvements de population engendrés par le commerce, les liens socioculturels et la facilité d’accès aux services de santé sur le territoire ougandais. 
 
La vaccination du personnel de santé constitue une « incroyable avancée dans la réduction du risque d’Ebola », a déclaré le Dr Yonas Tegegn Woldemariam, représentant de l’OMS en Ouganda. Il a assuré les agents de santé ougandais de l’efficacité du vaccin à les protéger. 
 
Au total, 2.100 doses du vaccin rVSV-Ebola seront administrées aux agents de santé ougandais afin de les protéger contre la souche de virus Ebola-Zaïre actuellement en circulation dans certaines parties de la RDC. 
« Il s'agit d'une vaccination ciblée », a déclaré la Dr Jane Ruth Aceng, ministre de la santé ougandaise, estimant que l’administration du vaccin aux agents de santé était le « chaînon manquant » dans les efforts de préparation de son pays face au virus Ebola. La ministre a également expliqué que le vaccin n'est disponible que pour les agents de santé en première ligne contre Ebola et présentant un risque élevé de contracter le virus dans la prise en charge des cas suspects. « Par conséquent, le vaccin n'est pas disponible pour la population en général à ce stade », a justifié la Dr Aceng.
 
Parallèlement à cette vaccination, les autorités ougandaises et l’OMS coordonnent les activités de surveillance du virus sur le plan sanitaire. Elles suivent de près la situation dans les établissements de santé, collectent et analysent des échantillons de sang provenant de cas alertés, renforcent les capacités en matière de prévention et de contrôle des infections, de gestion clinique, de soins psychosociaux et d'inhumations sûres et dans la dignité. La communication sur les risques, l'engagement avec les communautés et la surveillance transfrontalière sont également en cours dans de nombreux districts frontaliers de la RDC. 
 
Un vaccin administré à titre préventif et qui a déjà fait ses preuves 

 
Bien qu’aucun cas d’Ebola n’ait été détecté à ce jour sur son territoire, l’Ouganda a fait le choix d’une prévention et préparation anticipée en décidant de vacciner ses agents de santé. 
La prudence des autorités sanitaires ougandaises s’explique principalement par les leçons amères apprises des précédentes épidémies d’Ebola au cours desquelles un certain nombre d'agents de santé ont contracté la maladie et sont décédés alors qu'ils soignaient des patients atteints du virus. Les vies de ces agents de santé auraient pu être épargnées si le vaccin avait été disponible à ce moment-là. 
 
Actuellement administré en RDC, le vaccin rVSV-Ebola a montré des résultats positifs en termes de protection et d’efficacité contre le virus. Bien qu’il ne soit pas encore homologué à titre commercial, le vaccin est utilisé dans le cadre d’un « accès élargi » ou de ce que l’on appelle également « un usage compassionnel » pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en cours en RDC. Ce même vaccin avait déjà été utilisé en RDC lorsque l'épidémie d'Ebola avait sévi dans la province de l'Equateur (nord-ouest du pays) entre mai et juillet 2018. 
 
En 2015, le vaccin avait été administré à plus de 16.000 volontaires participant à plusieurs études en Afrique, en Europe et aux États-Unis, où il a été jugé sûr et efficace dans la protection contre le virus Ebola. Plusieurs études ont montré que le vaccin est sans danger et protège contre le virus Ebola, mais des recherches scientifiques plus poussées sont nécessaires avant de pouvoir le commercialiser. 
Le vaccin est donc utilisé à des fins humanitaires pour protéger les personnes les plus exposées au risque d'épidémie d'Ebola, dans le cadre d'une stratégie de « vaccination en anneau » similaire à celle utilisée pour éradiquer la variole.
 
Dans cette stratégie, un consentement éclairé et écrit des personnes est nécessaire pour leur vaccination, ce qui peut expliquer la faible couverture médiatique de l'exercice. 
Avec ONU Info. 

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