Matata Ponyo : « L’Afrique a vibré au rythme des performances économiques et sociales de la RDC pendant que j’étais aux affaires »

« L’Afrique toute entière a vibré au rythme des performances économiques et sociales de la RDC pendant que j’étais aux affaires entre 2012 et 2016. Il y a des pays africains qui ont voulu recourir à cette expérience », a indiqué l’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Augustin Matata Mponyo, dans une interview accordée lundi 22 mars à Radio Okapi. 

Il parle de sa désignation comme expert pour apporter son appui au gouvernement de Guinée Conakry en ce qui concerne le leadership et la bonne gouvernance. Il donne de raisons principales de l’échec du Parc Agro-Industriel de Bukangalonzo et porte de l’éclairage sur son départ du Front commun pour le Congo (FCC) et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

Entretien. 

Radio Okapi : Augustin Matata Ponyo, on vous a vu dernièrement en Guinée Conakry. Vous venez d’être approché par le Président guinéen pour appuyer son gouvernement. Qu’en est-il au juste ? 

Matata Ponyo : J’étais près de deux semaines en Guinée Conakry. Mon cabinet d’études ‘’Congo Challenge’’ a signé un contrat à la demande du Président guinéen pour appuyer ce pays dans le cadre de son programme d’émergence économique. Et à ce titre-là, je suis appelé à œuvrer auprès du gouvernement guinéen pendant au moins deux semaines par mois pour travailler avec son équipe. Depuis que j’ai quitté les fonctions de Premier ministre en RDC, je suis très sollicité par certains pays africains. 

Radio Okapi : Il y a quelques temps, l’Union africaine vous avait chargé de conduire sa mission d’observation électorale au pays de Condé. Et très récemment, vous y étiez aussi pour animer à l’intention des membres du nouveau gouvernement guinéen un séminaire sur le thème gouverner autrement. Qu’est ce qui explique cette proximité avec la Guinée et l’Union africaine ? 

Matata Ponyo : L’Afrique toute entière a vibré au rythme des performances économiques et sociales de la RDC pendant que j’étais aux affaires entre 2012 et 2016. Il y a des pays africains qui ont voulu recourir à cette expérience. Ce n’est pas la première fois que je conseille un pays africain. La qualité du leadership, la qualité de la gouvernance que nous avons imprimée pendant les cinq ans où nous étions aux affaires, l’Union africaine ne peut pas se priver de bénéficier de cette expérience. 

Radio Okapi : Comment réagissez-vous face à ce paradoxe qu’il y a entre la qualité de votre leadership et de gouvernance tant appréciée à l’extérieur et certains rapports qui révèlent votre responsabilité dans l’échec de certains projets de développement au moment où vous étiez Premier ministre en RDC ? 

Matata Ponyo : Tout ce que je peux vous dire, ce que la vérité finit par toujours triompher. Je voudrais partager avec vous que la communauté internationale, les Africains, les Congolais d’une manière générale, apprécient l’action que nous avons menée dans ce pays pendant ces temps. Vous savez, j’étais ministre des Finances, j’ai pu atteindre le point d’achèvement en six mois alors qu’il a fallu autant de temps à ceux qui m’ont précédé pour ne rien avoir.  

Radio Okapi: Vous dites que vous avez beaucoup fait pendant 5 ans. Avez-vous une idée de vos réalisations à la tête du Gouvernement de la RDC ? 

Matata Ponyo: Mais qui n’a pas vécu ce que nous avons fait pendant cinq ans ? Congo Airways a été créé, TRANSCO a été créé, la monnaie a été stabilisée, le chiffre 920 est devenu un chiffre mythique dans ce pays, les fonctionnaires étaient payés à temps, le 15, ils voyaient leurs téléphones vibrer. Qui n’a pas vu le bâtiment intelligent dans ce pays, qui n’a pas vu l’aéroport modulaire, qui n’a pas vu les locomotives de la SNCC, … la liste est longue. Mais qu’a-t-on fait après Matata ? Mais la vérité est plus forte que le mensonge, la lumière est plus forte que l’obscurité. 

Radio Okapi : Vous ne dormez pas à cause de cette affaire de Bukanga Lonzo. Qu’est ce qui a été à la base de l’échec de ce projet ? 

Matata Ponyo : Ce projet a échoué après mon départ. Comment vous pouvez imaginer, quelque chose que vous avez créée et copiée par d’autres pays africains, échoue ? Ce que je peux dire ce que ce n’était pas un faux pas. 

Radio Okapi : Où sont les 1000 écoles promises à la population ? 

Matata Ponyo : Nous avons initié le projet de 1000 écoles. Nous avons construit près de 780 à travers le pays. Moi-même, j’en ai visité plusieurs. 

Radio Okapi : Quel regard portez-vous sur l’économie du Congo en cette période difficile que traverse le pays à cause de la pandémie. La relance de l’économie en RDC est-elle possible ? 

Matata Ponyo : Je ne sais pas me prononcer là-dessus parce que je ne suis pas membre du gouvernement. Mais tout ce que je peux recommander ce sont des mesures rigoureuses.  

Radio Okapi : Vous venez de quitter le FCC. Cette déclaration a été rejetée en bloc par les sociétaires de ce regroupement politique. Comment réagissez-vous ? 

Matata Ponyo : Je n’ai pas une réaction. J’ai quitté le FCC et le PPRD pour des raisons de convenance personnelle. Je continue de soutenir mon point de vue et je l’ai fait de manière officielle, en date du 12 février 2021. 

Radio Okapi : Et vous adhérez officiellement à l’Union sacrée ? 

Matata Ponyo : Ce n’est pas à l’ordre du jour. 

Interview réalisée par JR Lungembo. 

/sites/default/files/2021-03/09-23.03.21-p-f-kinshasa_invite_matata_mponyo.mp3

Lire aussi sur radiookapi.net: