Beni : le triage du café et cacao, un travail «difficile qui ne paie pas bien» réservé aux femmes

Le territoire de Beni est la région par excellence de la culture du Café-Cacao. Pour avoir un bon café ou un bon chocolat dans sa tasse, c’est tout un travail qui est fait en amont. Apres la récolte, ce sont les femmes qui procèdent généralement au triage des grains de café ou de cacao pour avoir un bon produit à torréfier et commercialiser. Radio Okapi s’est rendue dans une usine de traitement de café ou elle a rencontré des trieuses. La plupart évoque un travail « difficile » qui ne « paye pas bien », mais qui leur permet au moins, de gagner, un minimum pour leur survie. 

« Nous trions le café. Si je fournis d’effort, je peux trier un sac pendant trois ou quatre jours. Pour recevoir cinq milles francs. Par mois je peux finir cinq sacs. C’est un travail qui fatigue surtout au niveau du coup, de la poitrine. Même les yeux font mal. C’est un service qui demande seulement du courage », a expliqué, Jacqueline Kaswera, l’une des trieuses. 

Elles sont des centaines, ces femmes qui travaillent au sein de la compagnie des Produits agricoles du Kivu (COPAK), à Beni. 

Dans le pavillon de triage, elles sont assises à même le sol, têtes baissées, concentrées sur leur travail. Certaines scandent des chants populaires, alors que d’autres débattent de sujets divers pour essayer de se donner du courage. 

Des déplacées de guerre 

Parmi ces femmes, certaines sont des déplacées de guerre. Elles ont fui leurs milieux à cause de l’insécurité occasionnées par des rebelles, dont les ADF. 

L’une d’elles se dit obligée de faire ce travail, car n’ayant plus aucune occupation après avoir abandonné son champ. 

« C’est un boulot que je suis obligée d’aimer car je n’ai pas où aller. Nous n’avons plus accès à nos champs. Je trouve de quoi nourrir mes enfants jusqu’à ce que je reçoive quelques sommes d’argent ici ». 

Si ce travail ne paye pas beaucoup, Mme Liso, elle dit que ses petites économies, lui ont permis de monter d’autres projets et de payer une parcelle. Elle demande aux autres femmes de lui emboiter les pas. 

« Je suis parmi les trieuses ici à COPAK. A partir des petites sommes, je viens de me payer une parcelle. Mais aussi scolariser mes enfants. Il faut être intelligent pour gagner la vie. C’est un conseil que je donne à d’autres femmes ». 

Dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui font ce travail, pénible qui demande beaucoup de concentration. Les hommes eux, s’occupent de charger et décharger les sacs dans des camions, parce qu’ils ont du mal à faire le triage. C’est du moins ce qu’a fait savoir, Pascal Liko, gestionnaire du stock chez COPAK. 

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