Moanda : les infrastructures de pêche construites depuis 3 ans toujours pas opérationnelles

Les pêcheurs de Moanda, au Kongo-Central, ont bénéficié d'un certain nombre d'infrastructures pour la promotion de leurs activités ainsi que le développement socio-économique de leur communauté. Malgré la construction de ces infrastructures, financée par des organisations internationales depuis quelques années, la pêche n’a pas progressé à Moanda. 

Reportage 

Des infrastructures de pêche ont été construites à Moanda grâce aux cofinancements du Fonds mondial de l’environnement et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). 

Moanda-Village, l’un de grands villages de ce territoire où s’est rendu mardi 5 octobre un reporter de Radio Okapi, abrite un de ces ouvrages : un complexe de séchage et de transformation des produits de pêche. Il est composé notamment des six plaques solaires pour le séchage des poissons salés et de deux fours thermiques pour la production des poissons fumés.   

A côté de ce complexe, le PNUD a construit, pour le même village, une unité de production d’aliments pour bétails. Un peu plus loin, au village Nsia Mfumu, les pêcheurs ont bénéficié d’un petit marché moderne, où ils peuvent vendre dans de bonnes conditions sanitaires leurs produits de pêche.  

« Un fonds de démarrage » 

Mais aucun de ces ouvrages, bien que terminés depuis deux ou trois ans, ne fonctionne.  

Les pêcheurs, regroupés dans des coopératives villageoises, estiment qu’il leur faut des moyens financiers pour utiliser ces infrastructures. 

« Il nous faut un fonds de roulement, un fonds de démarrage pour commencer avec la production d’aliments pour bétails », affirme un pêcheur de Moanda-village. 

Pour vendre les poissons dans le marché moderne, qui leur a été construit, les pêcheurs posent encore un préalable. 

« Que le PNUD construise une chambre froide » 

Sur la plage du village Nsia Mfumu, quelques pêcheurs qui s’activent autour de leurs pirogues déclarent : 

« Nous demandons d’avoir une chambre froide dans ce marché, pour conserver les poissons frais qu’on n’aura pas vendus le même jour… Nous voulons qu’on nous construise cette chambre froide… Nous attendons que le PNUD construise une chambre froide dans ce marché ». 

Pour certains acteurs sociaux de Moanda ces motifs avancés par les pêcheurs n’expliquent pas la non-utilisation de tous les autres ouvrages, notamment les plaques solaires pour le séchage des poissons salés et les fours thermiques pour la production des poissons fumés.   

Ils imputent plutôt cette attitude au manque d’appropriation du projet par les communautés locales bénéficiaires et surtout au « manque de volonté dans le chef des autorités tant provinciales que nationales » qui devraient accompagner ce projet. 

En effet, selon les termes du projet, le gouvernement doit participer au cofinancement. Le montant de celui-ci n’a pas été révélé au reporter de Radio Okapi par les gestionnaires du projet. 

Mais à ce jour, affirme le point focal du PNUD à Moanda, aucun fonds n’a été décaissé par le gouvernement pour remplir sa part du contrat. 

Le gouvernement doit s’investir… 

Entre-temps, ces ouvrages construits, pour soutenir la production et le développement de la pêche ainsi que l’économie locale à Moanda, poirotent sous les vents portés par les vagues de l’Océan Atlantique. Les pêcheurs, eux, continuent de travailler avec des moyens rudimentaires. 

« Par exemple, nous utilisons des pirogues alors que nous devrions avoir des bateaux de pêche », déplore un pêcheur de Moanda-Village, en désignant du doigt son embarcation vétuste. 

Cette situation ne leur permet pas de faire face à la concurrence d’entreprises de pêche, tenues pour la plupart par des expatriés, qui disposent de moyens plus modernes, dont des bateaux de pêche. 

L’adjoint du chef de village Nsia Mfumu appelle le gouvernement à s’investir pour que les infrastructures construites en faveur des pêcheurs de Moanda, par le PNUD et le Fonds mondial de l’environnement, soient opérationnelles.