RDC : un ancien combattant de la seconde guerre mondiale appelle au patriotisme pour la pacification de l’Est du pays

Ancien combattant, le caporal Albert Kunyuku Ngoma a appelé les Congolais au patriotisme pour mettre fin aux troubles dans l’Est du pays.

Ce soldat de la Force publique, l’armée du Congo-Belge, a lancé cet appel, il y a une semaine, en marge de son centenaire, célébré ce vendredi 20 mai, à Kinshasa.

« Les Congolais sont très intelligents mais ils ne s’aiment pas les uns, les autres. Ceux qui sèment les troubles là-bas [NDLR : dans l’Est de la RDC] sont des Congolais et non des ennemis. Ils n’aiment pas le Congo, ni leurs frères. Qu’ils renoncent à la guerre, cela n’en vaut pas la peine », a conseillé cet ancien combattant de la seconde guerre mondiale (1940-1945).

Le caporal Albert Kunyuku Ngoma rappelle avoir perdu nombreux de ses compagnons d’armes lors de cette grande guerre:

« La guerre n’est pas une bonne chose. Nous étions 25 000 lorsque nous sommes partis à la guerre [mondiale] mais très peu sont revenus au pays ».

Il regrette également que la colonie [la Belgique] n’ait pas, jusqu’à ces jours, primé les soldats congolais qui ont combattu lors de la guerre mondiale.

« A la fin de la guerre, on nous a donné un repos d’un mois, après nous sommes revenus au Congo. Les Belges nous ont bien accueillis à notre retour mais ils ne nous ont pas pris en charge. Les autres [les blancs] ont reçu des primes de guerre mais pas nous, jusqu’ à ce jour », s’est plaint cet ancien combattant.

Portrait du dernier survivant congolais de la seconde guerre mondiale

Le caporal Albert Kunyuku est le héros du film « L'ombre des oubliés » du réalisateur congolais, José-Adolphe Voto.

Crane et visage bien rasés, le dos penché qui l’oblige à s’appuyer sur une canne et camoufle sa taille plutôt élancée, le caporal Albert Kunyuku a fière allure. 

Il arbore souvent son uniforme kaki, datant de l’époque coloniale orné de 4 médailles, des bottes noires bien cirées et un béret.

Il est né à Kinshasa le 20 mai 1922. A 18 ans, alors qu’il est élève mécanicien, il fera partie des jeunes, enrôlés de force au service militaire.

lls seront formés à Kinshasa, à Ilebo et à Kisangani. 

En 1943, il est l’un des éléments de la force publique envoyés pendant la 2eme guerre mondiale à Alger, puis en Birmanie, sous les ordres du général britannique Montgomery pour combattre le Japon, la Chine et la Corée.

Ouganda, Nairobi, Mambasa, Singapour, Inde, sont parmi les lieux qu’il aura parcourus.

En 2015, il a reçu une médaille décernée par la Russie à l’occasion des 70 ans de la victoire de la grande guerre. 

Il est aujourd’hui président de l’Association des anciens combattants et le seul témoin congolais de la seconde guerre mondiale encore en vie.

Qu’est-ce que la Force publique ?

Ancêtre des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale Congolaise (PNC), la Force publique est la première armée de la RDC, alors Etat indépendant du Congo (EIC) et puis du Congo belge.

Elle en était également la Police. Son rôle était de défendre le territoire national et d’y maintenir l’ordre.

Créée en 1885 par Camille Coquilhat, missionnaire et ancien agent de l’association internationale africaine, sur demande du roi Léopold II, elle a eu des détachements au Rwanda-Urundi (Actuel Burundi et Rwanda).  

Au cours de deux guerres mondiales, la Force publique a joué un rôle important aux cotés des troupes alliées pour le compte de la Belgique. 

La force publique a combattu aussi en Birmanie, à Suez, en Palestine …. 

Elle est rebaptisée l’Armée nationale du Congo (ANC) le 9 juillet 1960, après une mutinerie et son commandement était devenu local.  

A ce jour, certains lieux, avenues, quartiers, communes, territoires des provinces congolaises portent encore les noms des lieux étrangers, où la Force publique a combattu. 

Comme Tabora en Tanzanie en 19 17, Assossa, Gambela ou Saio, en Ethiopie, en 1941.

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