Le criminologue Jean-René Mabwilo, l’un des orateurs du 2e forum des organisations féminines de la société civile, qui s’est clôturé le weekend dernier à Matadi, (Congo-Central), se dit inquiet de la sous-représentativité des femmes au sein des services de sécurité en République démocratique du Congo.
Au cours de ce forum, patronné par le Gouvernement et ses partenaires de l’ONU, dont ONU Femmes, le PNUD, la FAO et OCHA, les organisations féminines de la société civile ont réfléchi sur leur apport pour améliorer les politiques publiques en faveur des femmes en RDC.
Intervenant au cours de ces assises, cet expert qui travaille à l’école de criminologie de l’Université de Kinshasa, appelé ces organisations à sensibiliser les femmes sur le terrain afin de les encourager à intégrer les services de sécurité, car elles sont les premières victimes de la guerre.
« Dans les zones en proie aux conflits, comme au Nord-Kivu et en Ituri, les femmes et filles sont les plus affectées. Elles sont violées, d’autres utilisées comme esclaves sexuelles, d’autres encore s’adonnent à la prostitution pour la survie », a noté ce criminologue, insistant sur la nécessité pour les femmes de faire partie de ces services afin de faire entendre leurs voix.
Il affirme qu’à ce jour, les femmes constituent moins d’1 pourcent au sein des Forces armées de la RDC (FARDC), et environ 6 % pour la police. Pourtant, elles représentent 52% de la population congolaise.
Faible participation aux efforts de paix
Selon Jean-René Mabwilo, les femmes ne sont pas vraiment prises en compte pour les négociations de paix organisées par le Gouvernement et ses partenaires, que ce soit au niveau national ou panafricain.
Il en veut pour exemple le faible taux de participation des femmes conviées à prendre part à certains processus de paix en RDC et en Afrique, comme c’était le cas à Sun City en Afrique du Sud :
« Les femmes ne sont faiblement prises en compte dans la résolution des conflits, et dans le processus de construction de la paix. Pour le dialogue inter congolais, seules 47 femmes étaient conviées contre de 360 hommes, pour Sun City, 52 femmes sur 320 hommes, pour les des négociations de Pretoria, 24 femmes sur 80 ».
Au regard de cette situation, il a appelé les participantes, venues de dix-neuf provinces du pays, à travailler durement afin d’inverser cette tendance, car il estime que la gent féminine a beaucoup à donner pour le rétablissement de la paix, et qu’elle ne devrait pas être mise de côté dans les différents processus.