La journée du 30 avril est une journée sombre pour les enseignants vivant dans les zones occupées par les rebelles de l’AFC-M23 dans l’est de la RDC, a indiqué l’un d’eux à Radio Okapi. Ils sont partagés entre le non-paiement de salaire et l’errance dans cette région instable.
« La misère se lit sur les visages dans les familles des enseignants », témoigne un préfet des études dans la sous-division Rutshuru 5, qui a fui son milieu depuis 2022 suite à la guerre qui sévit au Nord-Kivu.
Jusqu’à ce jour, cet enseignant n’est jamais retourné chez lui et continue à errer entre diverses familles d’accueil, à l’instar de plusieurs de ces collègues d’ailleurs. Cet enseignant demande au gouvernement d’améliorer les conditions des enseignants.
Salaires non payés
Alors que les enseignants déplacés vivraient grâce à peu d’assistance dans les camps de déplacés, aujourd’hui, ils se retrouvent carrément déshumanisés.
La quasi-totalité des enseignants des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo n’ont pas encore reçu leurs salaires depuis janvier 2025 à cause de l’indisponibilité des banques. Ce qui les rend encore plus vulnérables parmi toute la population.
Ces enseignants devraient recevoir leurs salaires par voie électronique pour subvenir aux besoins de leurs familles pendant cette période de crise sécuritaire, qui empêche les opérations de paie normales via la Caritas. Après une longue attente dans les conditions très difficiles, l’intersyndicale des enseignants de Masisi a saisi la ministre de l’Enseignement et Nouvelle citoyenneté dans une correspondance du 28 avril.
L’enseignement en péril
Les enseignants de Masisi menacent de boycotter toutes les activités scolaires, pédagogique et évaluative.
Depuis l’occupation de la ville et le démantèlement des camps, certains enseignants ont pu regagner leurs villages alors que d’autres craignant encore pour leur sécurité, préfèrent rester et vivent dans la précarité totale, explique-t-il.
« Depuis janvier jusqu’à présent, il est difficile de dire que nous vivons. C’est comme si on pouvait demander à quelqu’un qui passe la nuit dans la rue comment il vit, comme les animaux vivent ! C’est ça la vie d’un enseignant. Il est difficile de nouer les deux bouts du mois, on vit de l’aumône, nous sommes déshumanisés ».
À l’occasion du 30 avril, journée de l’enseignement, il profite pour « interpeller tout le monde qui intervient dans l’éducation de savoir qu’au Nord-Kivu l’enseignement est en péril ».