Ce 15 octobre, le monde célèbre la Journée internationale de la canne blanche, un symbole universel d’autonomie et de sécurité pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Mais à Kananga, chef-lieu du Kasaï-Central, cette journée met en lumière une réalité préoccupante : des enfants, âgés de 8 à 16 ans, remplacent la canne blanche, guidant leurs parents ou grands-parents aveugles dans les rues pour mendier, au détriment de leur propre avenir.
Toute la journée, ils les accompagnent sur les artères de la ville, sollicitant de l’aide auprès des passants. Ils ne vont pas à l’école, exposés à la précarité et aux dangers de la rue.
Selon Grégoire Kazadi Kantu, président provincial du Centre d’Encadrement, de Réhabilitation et d’Intégration des Aveugles au Kasaï-Central (CERIAK), cette situation est le reflet de la vulnérabilité extrême des familles concernées :
« Nous n’encourageons pas cela. Mais à l’impossible nul n’est tenu. Un ventre affamé n’a point d’oreille. Ces enfants nous accompagnent parce que c’est le seul moyen de trouver quelque chose à mettre sous la dent ».
Un appel à l’État congolais
La Ligue de la Zone afrique pour la défense des droits des enfants et élèves (LIZADEEL) tire la sonnette d’alarme. Son coordonnateur provincial, Jean Malhis Lungala, appelle les autorités à prendre en charge les personnes aveugles, afin de libérer les enfants de cette responsabilité précoce et leur permettre de retourner à l’école :
« Les enfants ont encore un avenir radieux. L’État congolais devrait mettre en place une politique pour prendre les aveugles en charge. Ces enfants qui les accompagnent sont en danger ».
La LIZADEEL souligne que, au-delà de la privation scolaire, ces enfants sont également exposés à des risques physiques, notamment les accidents de circulation, dans une ville où les infrastructures ne sont pas adaptées aux personnes vulnérables.