Les creuseurs artisanaux de Nyunzu ne parviennent pas à écouler les dizaines de tonnes de coltan, de cassitérite et d’or qu’ils extraient du sol du Katanga. Le comptoir d’achat qui détient le monopole d’achat des minerais sur les sites serait débordé par l’offre et manquerait de liquidités, indique, mardi 25 octobre, l’administrateur du territoire, Bulabula Sango. Pour Serge Mulumba, président de la Coopérative partenaire du comptoir MMR, le monopole ne concerne que trois mines et non l’ensemble des trois sites.
L’administrateur de Nyunzu s’est dit inquiet du fait que les creuseurs n’arrivent plus à écouler leurs produits. Si cette situation perdure, selon lui, elle pourrait entraîner une explosion de violence dans les carrières minières et même anéantir les efforts en matière de traçabilité des minerais.
Ce mécanisme consiste à suivre le circuit d’un minerai depuis sa production jusqu’à sa commercialisation en vue d’éviter le trafic des minerais de sang en RDC.
Bulabula Sango a expliqué:
« Après la réorganisation sur la traçabilité de toutes ces matières, les creuseurs ont été satisfaits et se sont mis à la besogne. Ils ont beaucoup travaillé. Il y a maintenant une [grande] production. Malheureusement, il y a maintenant la pénurie d’argent [au comptoir d’achat des minerais].»
Le manque de liquidités, selon lui, est constaté notamment dans les sites de:
- Kahendwa
- Luba
- Kisengo.
«Les creuseurs lancent le cri d’alarme, parce qu’ils arrivent maintenant à faire le troc coltan contre nourriture dans les restaurants», a fait savoir l’administrateur Bulabula.
Le monopole dont il est question porte seulement sur trois mines dans toute la partie du Nord du Katanga, a déclaré pour sa part Serge Mulumba, le président de la Coopérative des artisans miniers du Congo (CDMC), partenaire du comptoir Mining Mineral Ressources (MMR):
«CDMC, MMR et le gouvernement provincial, ont un contrat sur trois mines. Il s’agit de la mine de Kisengo dans le territoire de Nyunzu, la mine de May Baridi dans le territoire de Kalemie, et la mine de Katonge dans le territoire de Manono. Et vous pouvez le vérifier vous-même, dans ces trois mines, nous avons de l’argent pour acheter des minerais auprès des creuseurs.»
Le CDMC travaille par ailleurs dans le respect de la traçabilité, a soutenu Serge Mulumba:
«Et une fois nous collectons ces minerais, nous les acheminons auprès de notre acheteur qui est MMR. Et les minerais que nous achetons sont des minerais étiquetés, et qui sont sous l’œil vigilant de la communauté internationale.»
Lire aussi sur radiookapi.net:
- Minerais de sang: le Katanga tient au respect des principes de traçabilité
- Trafic des minerais du Kivu: l’atelier de Bukavu plaide pour une certification régionale
- Trafic des minerais: des ONG nationales plaident la cause de la RDC devant le parlement européen
- Loi Obama sur les minerais de sang: l’embarge est effectif, selon Yves Bawa