Dossier : Journée nationale du poisson, que peut-on retenir ?

Pecheurs Wagenia

Pecheurs Wagenia

Ce mardi, c’est la 41e journée nationale du poisson. Une journée instituée en 1967 par l’ancien chef d’Etat, le président Mobutu Sese Seko.

Dès lors, le président Mobutu prenait soin de communier avec les pêcheurs de la cité de Kinkole, dans la commune de la N’sele le 24 juin de chaque année. Après sa chute en 1997, cette journée ne se célébrait plus. Il a fallu 10 ans après pour que l’on s’en souvienne. radiookapi.net s’intrroge sur la production du poisson en RDC. Et c’est Nzanga Mobutu, ministre d’Etat en charge de l’Agriculture, pêche et élevage, le fils de celui-là même qui avait instauré la journée nationale du poisson, qui présida la cérémonie. Dans son mot de circonstance, il regrettait que les Congolais soient devenus de simples consommateurs des poissons importés, et n’importe lesquels.

Nzanga Mobutu trouvait ahurissant et ne s’expliquait pas comment un pays qui a un potentiel halieutique de 707.000 tonnes de poissons pour des besoins de consommation limités à 450.000, puisse importer plus de 150.000 tonnes par an. Le ministre d’Etat en charge de l’agriculture, pêche et élevage avait promis de s’employer pour changer de méthodes de travail, afin d’affronter les nouvelles réalités. Mais jusqu’à présent, le Congolais, particulièrement le Kinois, est toujours tributaire du poisson importé.

Bandundu : manque d’encadrement et de matériel

Plusieurs grands cours d’eau du pays traversent la province du Bandundu. On peut partir du fleuve Congo en passant par les rivières Kasaï, Kwango, Kwilu, Lokenyi, Fimi et Lac Mai Ndombe, pour ne citer que ceux là. Pourtant, sa production en poisson reste minime. La pêche y reste artisanale mais surtout archaïque et timide, à telle enseigne que plusieurs poissons y meurent de vieillesse.

C’est à peine si l’on remarque des pécheurs à la ligne, et d’autres aux petits filets s’aventurer sur les rivières. Pas d’outils nécessaires, pas de maisons de conservation, ni aucuns moyens d’évacuations des produits de la pêche. Contrairement aux autres provinces, les marchés des Bandundu ne reflètent pas du tout la période de pêche. Ce qui fait que les vendeurs de poissons chinchards connus sous le nom de Mpiodi, continuent à y faire de bonnes affaires.

Pour Venance Makuluata, pécheur rencontré au bord de la rivière Kwilu, il n’existe aucune politique d’encadrement des pécheurs au Bandundu. Chacun y va à sa manière pourvue de s’autosuffire. Makuluata ajoute que ce domaine reste très négligé, alors qu’il peut bien être compté parmi les générateurs des ressources nécessaires à la province. Pour lui donc, cette journée de poisson doit interpeller la hiérarchie provinciale a investir aussi dans le domaine de la pêche.

Sud-Kivu : la production toujours en baisse

La production de la pêche est toujours en baisse malgré les mesures de fermetures et réouvertures des baies organisées depuis 2007 par la division provinciale de l’environnement, avec les différentes associations de pêcheurs de la place. Les pêcheurs de Bukavu disent qu’ils n’obtiennent plus que 400 kilos par unité de pêche et par jour, à la réouverture des baies. Soit à peu près 20 bassins de 20 kilos. C’est dans cette situation que les pécheurs ont décidé de passer leur journée.

Pour les pêcheurs de Bukavu, cette baisse de production est surtout causée par le non respect des mesures de fermetures des baies dans le lac Kivu. Certains pêcheurs s’arrangent en effet avec des autorités, pour organiser la pêche dans les baies fermées et dans des endroits où pondent les poissons. D’autres utilisent aussi des filets prohibés.

Les pécheurs apprécient la méthode de fermeture momentanée des baies mais regrettent les problèmes d’insécurité qui perdurent pour eux sur le lac. Un pêcheur témoignr : « pour la fermeture, c’est bon mais ici à Bukavu on l’avait fait et on avait capturé pendant trois jours. La production était bonne. Cette production a baissée. Nous demandons à nos autorités politico-militaires de nous sécuriser d’abord. On a des engins de sécurité à la force navale. Que l’Etat donne du carburant pour que les militaires marins fassent la surveillance sur le lac. »

Les autorités, qui ont décidé ce système de fermeture rotative des 4 baies sur le lac Kivu, sont également satisfaites. Selon le chef de division de l’Environnement, Remacle Karonde, ce système permet de produire plus pour les consommateurs, mais aussi de préserver les espèces présentes dans ce lac. Pour autant, aucune manifestation n’est prévue ce mardi, en marge de la journée nationale du poisson.