François Grignon : « Il y a la volonté ferme de la MONUSCO et des FARDC de renforcer le dispositif de protection des civils »

François Grignon est le représentant spécial adjoint intérimaire du Secrétaire général de l’ONU en charge de la protection et des opérations. Il est arrivé mercredi 27 novembre à Beni au Nord-Kivu, accompagné du commandant de la Force de la MONUSCO [Force commander] par intérim, le général Thierry Lion. Ensemble, ils ont rencontré le commandant du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord, le général Jacques Nduru Ychaligonza. D’après François Grignon, au cours de cette rencontre au quartier général des FARDC, il a été décidé des modalités de travail pour des opérations conjointes FARDC-MONUSCO contre les rebelles ougandais des ADF, actifs dans la région de Beni. François Grignon se confie à Radio Okapi. Interview.

Radio Okapi : Vous venez de rencontrer le commandant des opérations Sokola 1 Grand Nord. En quoi consistait vos échanges ?

François Grignon : J’étais avec le Force commander pour une rencontre avec le commandant de secteur, pour faire le suivi sur la réunion que Mme Zerrougui [la cheffe de la MONUSCO] a eue avec le comité national de sécurité et le Président Félix Tshisekedi, sur la mise en place de l’opération conjointe. Nous avions déjà eu une réunion de travail à Goma avec la général Mbala [le chef d’Etat-major général de l’armée] et le général Fal Sikabwe [Le commandant de la 3e zone de défense des FARDC] et les membre de son Etat-major. Nous avons clarifié les paramètres de notre coopération. Aujourd’hui, nous avons continué ce travail avec le commandant de secteur pour regarder ensemble quelles étaient les opérations prioritaires, les méthodes et les moyens qui devront être mis en œuvre.

Qu’est-ce que vous avez constaté en évaluant la situation sur le terrain ?

Il y a la volonté ferme de la MONUSCO et des FARDC à travailler ensemble pour, d’une part, appuyer les opérations offensives que les FARDC continuent de mener contre les rebelles ougandais des ADF et renforcer le dispositif de protection des civils sur les zones arrières, pour essayer d’avoir le maximum d’efficacité et prévenir le maximum d’attaques. Nous sommes toujours dans une situation extrêmement difficile où vous avez des attaques qui ciblent et réussissent à monter la population contre la MONUSCO, car elles arrivent à toucher les populations civiles. Nous devons travailler ensemble pour renverser cette situation. Ces attaques ont des objectifs très clairs : semer la zizanie et le chaos dans les bases arrières et faire stopper les offensives. Nous ne devons pas laisser place à la confusion et la désinformation. Nous devons travailler étroitement ensemble avec les FARDC, la PNC et la population pour essayer de renforcer au maximum le dispositif de sécurisation et prévenir ces attaques sur les populations civiles et les familles.

Confirmez-vous le lancement des opérations conjointes à partir d’aujourd’hui dans la région de Beni contre les ADF ?

Ce que je confirme est que nous nous sommes réunis avec le commandant de secteur et nous avons décidé des modalités de travail ensemble pour mener les opérations conjointes. C’est ce qui a commencé, je dirai maintenant que nous devons redoubler d’efforts pour accélérer la planification et puis l’exécution, définir les objectifs, les moyens, c’est un travail qui va s’opérer dans les jours qui viennent.

Il y a quelques jours la MONUSCO demandait une coordination des actions pour lutter contre les ADF, est ce que c’est le cas aujourd’hui pour éviter une confusion sur le terrain des opérations ?

Cette coordination a déjà été renforcée, au cours des échanges que nous avons eus aujourd’hui, nous avons eu des demandes d’appui des FARDC, nous avons aujourd’hui une meilleure coordination des échanges d’informations sur les opérations qui sont menées contre les ADF qui nous permet d’éviter que les hélicoptères volent dans les zones de bombardement ou des tirs d’artillerie, oui en effet au niveau de la coopération, on avance et on fait des progrès.

Est-ce que la MONUSCO va apporter un appui aux FARDC dans ces opérations [contre les ADF] ?

Si les FARDC le demandent et qu’on est dans une situation où on peut s’assurer que ce sont des cibles qui ne vont pas causer des dommages chez les populations civiles, il n’y a aucun doute, nous sommes mandatés et nous avons les moyens et l’autorisation pour appuyer les FARDC. Notre souci principal dans l’appui et l’utilisation des moyens offensifs, c’est de ne pas infliger de pertes supplémentaires aux populations civiles. Comme vous le savez, il y a des civils et des familles kidnappés par les ADF. On ne veut pas qu’en opérant des bombardements ou des attaques avec des hélicoptères de combat, prendre des risques de tuer des civils supplémentaires. C’est ça notre objectif principal. Mais à partir du moment où nous avons défini les objectifs clairs, nous devons et nous pourrons appuyer les FARDC avec la puissance de feu de la mission.

Vous arrivez dans la zone pour la première fois depuis le début des manifestations pour protester contre les tueries des civils par les ADF. Quel est votre message à cette population ?

C’est un message de compassion et je tiens à renouveler mes condoléances à la famille de la victime de la LUCHA qui a été enterré aujourd’hui. Le deuxième message est que nous devons renouveler le dialogue, et la possibilité de travailler ensemble, renforcer le dispositif pour limiter ces attaques contre les ADF. J’appelle au calme pour renouveler la coopération et obtenir des résultats plus efficaces dans la lutte contre les ADF et dans la protection de la population.

Propos recueillis par Martial Papy Mukeba.

Lire aussi sur radiookapi.net: