Goma : le député Josué Mufula interpellé et jugé en flagrance

Le député national Josué Mufula a été interpellé ce mardi 8 février par les services de sécurité à Goma alors qu’il s’apprêtait pour prendre son avion pour Kinshasa, au terme de ses vacances parlementaires. Et aux environs de 17 heures, Josué Mufula, accompagné d’un collectif constitué de cinq avocats, a finalement été présenté devant les juges de la cour militaire de Goma.

Selon ses proches, c’est au pied d’avion, en milieu de la journée que cette interpellation a lieu.  

Lélu de la circonscription de Goma est jugé en flagrance pour provocation et incitation à des manquements envers l'autorité publique et outrage à l'armée, renseigne le député Juvénal Munubo qui est avec l’accusé dans la salle d’audience. 

« Mon collègue député national Josué Mufula a été empêché par la DGM et l’ANR ce mardi de prendre son vol Goma-Kinshasa. Poursuivi en flagrance pour provocation et incitation à des manquements envers l'autorité publique et outrage à l'armée. Je l'assiste », a indiqué le député national Juvénal Munubo. 

Cette première séance est caractérisée par des éloges hyperboliques adressés au prévenu par son conseil, d’une part, suivis d’autre part d’une longue bataille juridique extrêmement houleuse, entre l’organe d’accusation et les avocats de l’accusé.  

L'incompetence ou non de la cour

Les avocats du prévenu ont soulevé une exception sur « l’inconstitutionnalité » du présent procès devant cette juridiction militaire, se fondant sur les articles 19 et 61 de la Constitution. Ils ont mis en exergue l’incompétence de la cour militaire à juger un député national jusque-là couvert par les immunités et privilèges parlementaires. Séance tenante, les avocats ont demandé à la cour de se dessaisir de cette affaire et de déférer sans ambages le prévenu devant son juge naturel, soit à la Haute Cour militaire, soit à la Cour de cassation. Après le suspens, la cour qui s’est dit, suffisamment éclairée par les deux parties au procès a pris tardivement l’affaire en délibéré pour rendre son arrêt sur sa compétence ou non, à juger Josué Mufula, vendredi prochain.

Certains proches du député Mufula auraient été traqués la veille par les services de sécurité dans la ville de Goma.

Radio Okapi n’a enregistré aucune réaction de la part de la DGM ou l’ANR, concernant ces interpellations. Cependant, les proches des deux députés indiquent que ces arrestations seraient probablement liées aux nombreuses sorties médiatiques des deux élus du peuple contre l’état de siège en province et particulièrement contre la mesure de repeindre les taxis-bus et voitures en jaune drapeau dans la ville de Goma, pour le cas spécifique de Josué Mufula selon ses proches.

D’après des sources judicaires, quelques vidéos circuleraient actuellement sur les réseaux sociaux, montrant le député inculpé en train d’exhiber des danses en entonnant des chansons hostiles à l’état de siège.

Cette interpellation de Josué Mufula intervient trois jours après celle du député provincial élu du territoire de Beni, Jean-Paul Ngangondi, qui vient déjà de passer deux nuits dans un cachot de l’Agence de renseignement (ANR), selon un de ses avocats et des sources de l’assemblée provinciale.

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