RDC : au moins 10 000 Congolais trouvent réfuge en Ouganda pour fuir les affrontements au Nord-Kivu

Au moins 10.000 Congolais se sont réfugiés ces derniers jours en Ouganda à la suite des violents combats à Rutshuru, au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). 

« Quelque 10.000 ressortissants congolais se sont réfugiés dans le district de Kisoro, dans le sud-ouest de l’Ouganda, pour fuir les violents affrontements ayant débuté le 28 mars 2022 au Nord de la RDC », a déclaré vendredi 1er avril, lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève, Joel Boutroue, représentant de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Ouganda. 

Ces milliers d’enfants, de femmes et d’hommes sont arrivés du territoire de Rutshuru en RDC, à environ 8 kilomètres du poste frontalier de Bunagana dans le district ougandais de Kisoro, selon le HCR. 

En outre, près de 36.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de la RDC. La plupart sont hébergées par des familles d’accueil, ou dans des marchés et des écoles. 

Depuis le 6 mai 2021, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont été placées sous état de siège, une mesure exceptionnelle où les autorités civiles ont été remplacées par des officiers de l’armée et de la police en vue de mettre fin à l’insécurité et aux massacres de civils par les groupes armés. Cela fait quelques semaines que l’armée congolaise affronte les hommes armés du groupe rebelle M23 forçant la population de Rutshuru, au Nord-Kivu a trouvé refuge en Ouganda. 

Des tirs d’artillerie et des coups de feu entendus 

« Alors que les personnes arrivaient en Ouganda les 28 et 29 mars, des tirs d’artillerie et des coups de feu ont été entendus de l’autre côté de la frontière, indiquant que des affrontements étaient en cours », a détaillé M. Boutroue. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), six personnes sont arrivées en Ouganda avec des blessures par balle et ont été emmenées pour être soignées. 

Actuellement, l’Ouganda a fermé la frontière de Bunagana aux échanges commerciaux mais autorise heureusement les demandeurs d’asile à entrer dans le pays. 

« Le HCR félicite l’Ouganda pour avoir, une fois de plus, autorisé les personnes en quête de sécurité à entrer dans le pays », a salué le Représentant de l’agence onusienne. 

D’autres demandeurs d’asile utilisent des passages frontaliers irréguliers. « Nous avons également observé de nombreux enfants non accompagnés, des personnes âgées et des personnes en fauteuil roulant parmi ceux qui fuient la violence », a ajouté M. Boutroue. 

En Ouganda, les fortes pluies ont rendu les conditions encore plus difficiles pour les personnes qui sont arrivées avec les quelques affaires qu’elles pouvaient emporter. Mais la plupart des nouveaux arrivants s’abritent dans et autour du marché et ailleurs dans la communauté. 

Les opérations du HCR en Ouganda et en RDC sous-financées 

Le HCR a déjà relocalisé quelque 2.350 demandeurs d’asile dans le centre de transit voisin de Nyakabande. « Comme lors de nombreux incidents précédents, ils veulent rester près de la frontière afin de pouvoir obtenir plus facilement des nouvelles de ce qui se passe dans leurs villages, dans l’espoir que la violence cesse et qu’ils puissent rentrer chez eux », a fait valoir M. Boutroue. 

Face à cette vague de mouvements de populations, le HCR et les autorités ougandaises répondent à l’urgence en coordination avec les autorités locales et de district. L’agence onusienne a mis en place un système d’identification et de suivi rapide des personnes ayant besoin d’une aide d’urgence. 

Cet afflux de réfugiés congolais en Ouganda intervient alors que le HCR fait face à un déficit de financement pour ses opérations dans ce pays qui « accueille plus de réfugiés que tout autre pays d’Afrique ». L’agence onusienne n’a reçu que 9% des 343 millions de dollars de son appel de fonds pour l’Ouganda. 

En outre, les besoins humanitaires de plus de 5,6 millions de déplacés internes en RDC restent largement insatisfaits en raison du manque de financement. Les opérations du HCR dans ce pays ne sont financées qu’à hauteur de 8% sur les 225 millions de dollars nécessaires. 

 

Avec ONU Info. 

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