La chasse aux albinos refait surface à Uvira

Plusieurs cas de menaces d’enlèvements des albinos sont signalés dans la région d’Uvira et de Fizi ( Sud-Kivu), frontalière de la Tanzanie et du Burundi. Le président de la communauté des albinos de Kamanyola (Walungu), Machumu Chimanuka, a tiré la sonnette d’alarme, jeudi 13 janvier, sur le danger qui guète sa communauté. 

Machumu Chimanuka, albinos et pasteur de son état, affirme avoir été lui-même victime d’une agression dans son domicile par des hommes armés non autrement identifiés la semaine dernière. 

Ces derniers voulaient acheter la tombe de sa soeur albinos décédée, il y a une dizaine d’années. 

Elle était décédée d’une mort naturelle et avait été enterrée dans la parcelle du pasteur. 

Machumu Chimanuka avait décliné l’offre. Et dans la nuit du 4 au 5 janvier, ces hommes sont revenus lourdement armés. 

Ils ont réussi à déterrer le reste du corps de la femme albinos et ont exhumé les ossements avant de disparaître. 

Machumu Chimanuka témoigne:  

«Nous avons peur de ces gens qui nous filent pour nous enlever et nous tuer. Je ne me déplace plus et ne pars plus aux champs. Je reste à la maison par peur d’être capturé. La nuit, je me réfugie chez des voisins.» 

Il déplore aussi le fait que les albinos soient l’objet de moquerie dans cette région: 

«La journée, on me crie partout: ‘regardez un bord !’, pour dire que nous, albinos, sommes devenus des choses, des “bords”.» 

Machumu Chimanuka lance par ailleurs l’appel aux autorités: 

«Nous sommes à 7 à Kamanyola, mais je suis resté le seul adulte, les autres sont encore des enfants. Nous avons besoins d’être assistés et sécurisés. Mieux vaut que nous soyons tous ensemble, qu’on nous construise un abri et qui sera sécurisé 

Un autre enfant albinos a échappée à un enlèvement à Kamanyola, alors qu’il revenait de l’école. 

A Lemera, un enseignant du primaire, père d’un enfant albinos, a été contraint de quitter son village pour se réfugier à Sange, craignant de tomber dans le coup. Les témoins affirment que son enfant reste toujours enfermé dans la maison et ne peut pas aller à l’école. 

Des cas similaires de discriminations ont été signalés dans la cité d’Uvira et du coté de la presqu’île d’Ubwari, dans le territoire de Fizi. 

Pour beaucoup de ces albinos, le phénomène serait importé des pays voisins, notamment de la Tanzanie et du Burundi. 

Selon des sources concordantes, le Burundi a enterré la semaine dernière le 17ème albinos, victime de cette barbarie en l’espace de deux ans.