Journée mondiale de la presse: Jed dénonce la montée de l’intolérance politique en RDC

Les quotidiens et journaux de la presse kinoise.Les quotidiens et journaux de la presse kinoise.

Les quotidiens et journaux de la presse kinoise.

Les scrutins présidentiel et législatif, annoncés pour le 28 novembre 2011 en RD Congo, ouvrent des perspectives marquées par des grandes manœuvres politiques pour lesquelles les médias seraient un enjeu de taille. A l’occasion de la commémoration de la journée mondiale de la presse, ce 3 mai, Journaliste en danger (Jed), une ONG de défense et promotion de la liberté de la presse en RDC, a dénoncé la montée de l’intolérance politique et l’interférence des services de sécurité dans le travail des médias. 

Dans un communiqué, publié la veille de cette journée, Jed se félicite, certes, de constater qu’à cette date, il n’y a aucun cas de journaliste en détention dans le cadre de l’exercice de son métier en RDC.

Mais, l’ONG a noté au moins 35 cas d’attaques directes dirigées contre des journalistes ou des médias depuis le début de cette année:

  • au moins douze emprisonnements,
  • huit agressions et menaces,
  • neuf censures et
  • six cas de pressions diverses sur les médias.

La plupart de ces atteintes à la liberté de la presse ont été enregistrées à l’intérieur du pays, a précisé la même source.

Les autorités politico-administratives, l’ANR (Agence nationale de renseignement) en tête, seraient à la base de ces atteintes, a affirmé Journaliste en danger.

Et les enjeux électoraux qui s’approchent risquent d’aggraver la situation, a prévenu Jed, en demandant au gouvernement d’envisager, dès à présent, des mesures concrètes de sécurisation des professionnels des médias face à la montée de la violence et des interférences des services de l’Etat.

L’ONG a, en revanche, appelé les professionnels des médias congolais eux-mêmes à la plus grande prudence et à l’observance stricte du code d’éthique et de déontologie en toutes circonstances.

Jed s’est proposé d’ailleurs d’initier une campagne de sensibilisation sur la sécurité des journalistes en période électorale à Kinshasa et en provinces.

Enjeux électoraux

Les enjeux électoraux prochains constituent également une préoccupation de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) Sud-Kivu.

En marge de la journée mondiale de la presse, la direction provinciale de l’UNPC Sud-Kivu a organisé, ce mardi 3 mai, une rencontre à Bukavu pour réfléchir sur le rôle que les hommes des médias sont appelés à jouer dans le processus électoral en cours.

Il a été aussi question de l’identification des journalistes.

Selon le président provincial de l’UNPC, Kizito Mushizi Nfundiko, l’heure est venue pour:

  • la mise en garde des journalistes en cette période pré-électorale,
  • le rappel de la déontologie professionnelle,
  • l’interpellation des autorités provinciales au sujet de la sécurité des journalistes, qui doivent exercer leur métier en toute liberté.

Kizito Mushizi Nfundiko a expliqué:

«Le contexte dans lequel le journaliste exerce son travail est généralement un contexte marqué par beaucoup d’hostilités, sécuritaires et aussi le manque de justice. On ne peut que déplorer des cas d’interpellation, des  censures, d’intimidation des journalistes. On n’est bien placé au Sud-Kivu pour savoir que ça risque de monter avec l’avancée du calendrier électoral.»

Journalistes étouffés

La plupart des Congolais interrogés à Kinshasa par rapport à la liberté de la presse, sont d’avis que les journalistes en RD Congo sont étouffés dans l’exercice de leur travail:

«La presse congolaise n’a pas encore obtenu sa liberté d’expression. Jusqu’à présent on tue les journalistes, ceux qui veulent dire la vérité… Il faut chercher d’abord à se battre pour obtenir la liberté de la presse que de fêter…,» a déclaré un Kinois.

Un autre s’est dit désolé pour son pays, où «des journalistes ont été tués, surtout à Goma, à Bukavu, parce qu’ils ont filmé. On ne les accepte que pour les campagnes et la publicité.»

En RDC, a estimé un autre habitant de Kinshasa, «la presse n’est pas tellement libre.»  Il a déploré des cas d’arrestations, dont sont victimes les professionnels des médias.

Six émissions suspendues

Onze journalistes ont reçu des menaces, pour la plupart, provenant des autorités du Kasaï occidental. Trois parmi eux ont quitté la province notamment  André Kambala, journaliste à Radio Okapi, Michel Tshiyoyo de la Radio Télé Amazone de Kananga  et Roger Kasala de la radio Odel de Luebo, a précisé le représentant de Jed/ Kasai occidental, Sosthène Pierre Kambidi.

Selon Sosthène Pierre Kambidi, ces menaces se faisaient verbalement ou par des lettres  anonymes de fois par des SMS sur de téléphones potables.

Jed déplore également la suspension de plus de six émissions des débats politiques en langue locale dans quatre radios de Tshikapa et deux de Kananga.

L’ONG a signalé aussi l’interpellation de deux  journalistes,  dont Sami Mbeto de la radio communautaire Kilima Ndjaro de Tshikapa  et  Célestin Bea Bwabwa cameraman de CMB de Kananga en détachement au gouvernorat de province.

De son coté, le coordonnateur provincial de l’Observatoire des médias congolais (Omec), Elvis Kamba Ntambwe, a demandé aux journalistes de faire un travail responsable et professionnel, tout en se battant pour la liberté de la presse et l’accès aux sources d’information.

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