Ce que pensent des Congolais de la motion recalée contre Matata Ponyo

Le premier ministre, Matata Ponyo Mapon et les membres de son gouvernement le 15/04/2013 au palais du Peuple à Kinshasa, lors d’une plénière à l’assemblée nationale. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Les habitants de plusieurs villes du pays interrogés ce mardi 16 mars par Radio Okapi sont partagés au sujet de la motion de défiance contre le Premier ministre Matata Ponyo dont l’examen n’a pas abouti la veille, faute de signatures. Initialement signé par cent trente-sept députés, ce texte n’a finalement recueilli que quatre-vingt-quinze signatures alors que la Constitution fixe à 125 le nombre de signatures nécessaires pour l’examen d’une motion de défiance.

Certains Kinois interrogés accusent les quarante-deux députés qui ont retiré leurs signatures d’avoir été corrompus.

«Il y a l’argent qui a marché là-bas et vous appelez ça Assemblée », se plaint un habitant de la capitale.

A Goma (Nord-Kivu), un autre Congolais a dit souhaiter voir le Premier ministre rendre compte de sa gestion devant la représentation nationale. «Nous sommes les patrons de ce gouvernement, ils doivent nous rendre compte », indique-t-il.

Pour un habitant de Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), les députés qui ont retiré leurs signatures ont « exécuté un ordre ».

«Nous estimons que les députés n’ont fait qu’exécuter le mot d’ordre venant de la présidence de la République en vue de répondre à l’appel de la Majorité présidentielle, leur famille politique », soutient-il.

Un autre Congolais interrogé à Mbandaka (Equateur) regrette que les quarante-deux députés aient retiré leurs signatures. Pour lui, «il est difficile que la population fasse encore confiance à l’Assemblée nationale».

Mais d’autres personnes interrogées estiment que les députés avaient le droit de retirer leurs signatures.

«C’est tout à fait normal ce qu’ils ont fait. Les députés ont retiré leurs signatures de manière démocratique», déclare un habitant de Lubumbashi (Katanga).

A Bukavu, un autre Congolais partage le même avis et qualifie de démocratique la décision de l’Assemblée nationale mais il souhaite que le Premier ministre puisse se justifier « par rapport aux griefs qui lui étaient été reprochés ».

Un habitant de Kisangani salue le déroulement des discussions à l’Assemblée nationale mais il appelle les députés « à faire preuve de maturité politique ».

«Je suis d’accord que cette motion soit retirée pour l’intérêt de la population», souligne, de son côté, un habitant de Bukavu (Sud-Kivu).

Cette motion de défiance a été initiée par le député de l’UNC Baudouin Mayo qui reprochait à Matata Ponyo de violer constamment la constitution, notamment par son interférence dans la justice.

Certains députés qui ont retiré leurs signatures ont évoqué des raisons de convenances personnelles, d’autres ont parlé de l’inopportunité de la motion.

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