Les groupes armés se rendent à tour de rôle aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) depuis la défaite fin octobre de la rébellion du M23. A Shabunda dans le Sud-Kivu, la milice Raïa Mukombozi, a annoncé mardi 19 novembre la fin de sa lutte armée. Sa rivale le Raïa Mutomboki se dit aussi prête à rejoindre l’armée. A Minova, dans la même province, plus de mille trois cents éléments des groupes APCLS et Nyatura se sont aussi rendus mardi. Le même mouvement est aussi observé à Manono au Katanga.
Les Raïa Mukombozi [le peuple qui se libère, en swahili] expliquent leur reddition par la défaite du M23. L’armée congolaise appuyée par la brigade d’intervention de la Monusco a pris les derniers bastions de la rébellion du M23 fin octobre.
« Ce succès militaire consacre la fin de l’agression humiliante de la RDC à partir de certains pays voisins », a déclaré mardi Daniel Meshe le leader de Raïa Mukombozi. Il affirme que sa milice veut à présent participer à la reconstruction nationale et à la consolidation de la paix en RDC par la voie démocratique.
Depuis quelques années, les Raïa Mukombozi faisaient la loi dans plusieurs localités du territoire de Shabunda dans le Sud-Kivu. Les populations locales ont longtemps fait les frais des conflits armés récurrents qui les opposaient aux Raïa Mutomboki [le peuple se révolte] autour de l’exploitation des carrés miniers. Si Raïa Mukombozi a formellement annoncé avoir déposé les armes, Raïa Mutomboki en est encore au stade de l’intention.
Les Raïa Mukombozi, eux, attendent de connaître le sort que les autorités congolaises leur réserveront.
« Nous déposons les armes et nous nous mettons à la disposition du gouvernent selon les modalités requises en la matière notamment la démobilisation, la réintégration et la réinsertion sociale », affirme leur chef Daniel Meshe.
Bweremana : 1 300 miliciens se sont rendus
Mille trois cents miliciens des groupes Alliance patriotique pour un Congo libre et souverain (APCLS) et Nyatura ont déposé les armes mardi 19 novembre à Bweremana, une localité du groupement Mupfunyi Shanga, à 2 km au Nord de la cité de Minova au Sud Kivu. La présence de ces ex-miliciens à Bweremena a soulagé la population locale, affirme le chef de groupement Mupfunyi Shanga. Les hommes de troupe de ces groupes sont déjà désarmés. Seuls les plus gradés gardent encore leurs armes, ont indiqué les responsables de ces milices.
Ces ex-combattants affirment venir de Ngungu, Kasaki, Nyamitaba et d’autres localités de Masisi au Nord-Kivu.
Aussitôt arrivés à Bweremana, ils ont commencé à suivre des leçons sur le règlement et le commandement militaires dispensées par les officiers FARDC. Leur alimentation est assurée par la 8è région militaire mais ils se plaignent des abris mis à leur disposition.
Parmi les mille trois cents ex-miliciens, on dénombre cinquante familles composées qui passent la nuit avec des célibataires dans des abris en bâche, les maisons abandonnées, les écoles et pour certains à la belle étoile.
Ces ex-combattants demandent leur transfert dans un centre de formation où ils espèrent trouver des meilleures conditions de vie.
Reddition du chef Maï-Maï Totye à Manono
Le chef Maï-Maï Totye s’est rendu depuis jeudi 14 novembre à l’armée avec une centaine de ses hommes à Manono, 450 kilomètres au Sud-Ouest de Kalemie (Katanga). Sa milice était longtemps opérationnelle dans la zone couvrant les localités de Shamwana et Mpyana. Sa base était située dans le village Ndele sur l’axe Shamwana à 152 kilomètres au Sud de Manono.
A la reddition du chef Totye, deux cents combattants Maï-Maï ont déposé en l’espace de deux jours leurs armes de guerre et d’autres armes blanches.
Dans ce groupe se trouve aussi un autre seigneur de guerre, le chef Maï-Maï Kikuni. Il s’est aussi rendu avec des dizaines de ses combattants. Il est resté à son tour actif dans la région englobant le territoire de Pweto et celui de Moba. Le village Kabunda, à 136 kilomètres au Sud de Manono constituait sa base logistique.
Les autorités civiles et militaires indiquent que la reddition de ces chefs Maï-Maï est un signal fort pour le retour de la paix dans la région restée longtemps insécurisée.
Mais cette présence accrue d’anciens Maï-Maï cantonnés dans le centre ville de Manono inquiète les autorités religieuses. Elles souhaitent leur évacuation rapide vers des centres aménagés à Lubumbashi.