RDC: la pêche demeure à 99% artisanale

Pêcheurs au retour avec les poissons du jour, à Muanda (Moanda), novembre 2010.

L’activité de pêche en RDC est à 99% artisanale. Le ministre de l’Agriculture, Pêche, Elevage et Développement rural, Jean Chrysostome Vahamwiti, l’a reconnu mardi 24 juin à l’occasion de la célébration de la 47e journée nationale du poisson. Il a cependant indiqué que le Gouvernement a adopté un programme de relance de la pisciculture, prévoyant notamment la formation des pêcheurs et l’élevage des poissons.

A la question de savoir ce que le gouvernement fait pour industrialiser la pêche en RDC, le ministre Vahamwiti a répondu, sans autres précisions:

«La pêche est artisanale. On a de petits producteurs, de petits pêcheurs. Donc, un grand pays comme le nôtre est resté trop petit dans ces activités. Il est aussi important qu’on aille vers une pêcherie industrielle, mais surtout qu’on diversifie le mode de production du poisson de façon industrielle et intensive

Conséquence, il n’est pas aisé à un habitant moyen de Kinshasa, par exemple, de manger du poisson sorti du fleuve Congo, parce que plus cher. La majorité des Kinois s’abat sur les chinchards, ces poissons importés et surgelés.

Pour renverser la tendance, le Gouvernement dit avoir mis en place un programme de relance de la pisciculture.

«Depuis le fonds de la campagne agricole, un certain nombre d’étangs dans les villages pilotes ont été relancés. Pour la formation et l’encadrement des pêcheurs, nous avons réhabilité certains centres de pêche à travers le pays», a poursuivi Jean Chrysostome Vahamwiti.

En outre, il a fait état de la signature le mois passé avec son homologue égyptien d’un projet pour la mise en place d’une unité intégrée d’élevage. «C’est la technologie la plus moderne de la production du poisson. Ce qui nous permet, si nous élevons nous-mêmes les poissions, de diminuer la pression sur la destruction de nos eaux et de leur écosystème», a-t-il commenté.

Le ministre s’exprimait ainsi au cours d’une manifestation organisée à Maluku, dans l’extrême Est de Kinshasa, pour célébrer la journée nationale du poisson. Elle a été placée cette année sous le thème: «La cogestion des ressources halieutiques dans les eaux frontalières et internes de la République démocratique du Congo».

A cette occasion, le collectif des associations des pêcheurs du Pool Malebo a dénoncé les tracasseries et arrestations arbitraires dont les pêcheurs sont victimes de la part des services de sécurité. Le collectif a également déploré la spoliation des ports de pêche, qui empêche ces pêcheurs de bien exercer leur activité. 

Reprise à Bikoro

En marge de cette journée nationale du poisson, l’administrateur du territoire de Bikoro (Equateur), Célestin Mokulukulu, a annoncé la levée de la mesure  interdisant la pêche des fretins, qu’il avait prise depuis 8 mois sous l’impulsion de la notabilité locale. Cependant, celle-ci s’y oppose vivement.

Selon Jean-Baptiste Ibongu, un des chefs coutumiers de Bikoro, par cette réouverture, l’autorité administrative a repris la perception de la taxe auprès des pêcheurs qui ne font qu’utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticide comme filets. Cette pratique, a-t-il soutenu, détruit les ressources halieutiques du lac Tomba  et contribue aussi à l’appauvrissement des populations riveraines.

«Le service de santé a remis les moustiquaires imprégnées pour protéger la population contre le paludisme. Ces moustiquaires sont transformées en filets de pêche à Bikoro. Nous sommes allés voir l’administrateur de territoire pour interdire cette pratique qui va jusqu’à tuer les alevins et détruire le Lac», a déploré Jean-Baptiste Ibongu.

Selon lui, cette autorité demande à  chaque pêcheur 25 mille francs congolais (27 dollars américains) et au revendeur 15 mille francs (16 USD). « Voilà ce qui divise l’administrateur de territoire et la notabilité. [Il] veut simplement  encaisser de l’argent, mais il ne se soucie pas de l’avenir de notre lac», a-t-il accusé.

Pour sa part, Célestin Mokulukulu ne reconnait pas avoir autorisé l’utilisation des moustiquaires comme filet. Il avoue cependant avoir rouvert la pêche des fretins, appelés «Mimpesu». Selon lui, le délai de la fermeture de la pêche de ces poissons prisés par la population de Bikoro était déjà dépassé.

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