Fosse commune de Maluku: «Le droit funéraire est une branche orpheline», selon Evariste Boshab

Le Vice premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab le 10/02/2015 lors de la présentation de l’activiste de droits de l’homme, Christopher Ngoyi arrêté après les manifestations contre la loi électorale de janvier. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab, a estimé lundi 13 avril que le « droit funéraire est une branche orpheline en droit congolais ». Il l’a déclaré à l’Assemblée nationale où il présentait son rapport de l’enquête administrative sur l’affaire de la fosse commune  de Maluku, 80 km de Kinshasa, 421 corps ont été enterrés la nuit du 19 mars dernier.

«Le droit funéraire est une branche orpheline en droit congolais, c’est-à-dire la déclaration de décès, l’autorisation d’inhumer, la mise ne bien de la fermeture du cercueil, la levée du corps et le délai pour les funérailles, l’autopsie, les modalités des obsèques, tout cela mérite l’attention des législateurs que vous êtes», a interpellé Evariste Boshab. Le seul texte relatif à ce domaine date de l’époque coloniale. C’est celui qui a été utilisé pour organiser l’enterrement de Maluku,  a déclaré de son côté le ministre de la Justice, Thambwe Mwamba.

Evariste Boshab, lui, a reconnu que 421 corps ont été enterrés au cimetière Fula fula de Maluku. Pour lui, il ne s’agit pas d’une fosse commune, mais plutôt d’une « tombe commune », estimant que l’expression « fosse commune » renvoie à un massacre. Ce qui, selon lui, n’est pas le cas des personnes inhumées collectivement à Maluku.

Le vice-Premier ministre a ainsi souligné que l’inhumation collective à la suite de l’abandon des corps est un phénomène courant dans les grandes agglomérations. Kinshasa, a-t-il dit, ne fait pas exception.

Devant les députés nationaux, Evariste Boshab a affirmé qu’à ce jour, 178 corps non réclamés sont déjà consignés à la morgue centrale de Kinshasa. Une situation qui appellera dans les prochains jours, à une inhumation collective, a-t-il expliqué.

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Le député de l’opposition, Martin Fayulu qui avait introduit une motion sur l’existence du charnier à Maluku pense qu’il y a une volonté manifeste de cacher la vérité.

«Aller enterrer les gens, ce n’est pas cacher la vérité ? Si on n’avait pas découvert, est-ce qu’on aurait eu vent de cette affaire ? Comment vous faire confiance ?», s’est-il interrogé.

Enquête

Le ministre congolais de la Justice qui s’expliquait aussi devant les députés nationaux a rejeté l’offre de 1,5 millions d’euros de la Belgique, la qualifiant d’”insulte”. Il a affirmé que la RDC n’a pas besoin d’une quelconque aide financière de l’étranger pour financer son enquête. Vous pouvez écouter l’extrait de son intervention à l’Assemblée nationale:

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D’autres députés appellent à l’apaisement. Boris Mbuku pense qu’il faut attendre la fin de l’enquête initiée par le procureur général de la République pour avoir toute la lumière sur cette affaire.

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a pour sa part condamné ce qu’elle nomme « les pratiques barbares des fosses communes ». Dans une conférence de presse tenue lundi 13 avril à Kinshasa, le parti d’Etienne Tshisekedi a exigé la constitution urgente d’une commission d’enquête internationale, indépendante et crédible pour que toute la lumière soit faite autour de cette affaire.

«Il a été dit qu’il y avait beaucoup de fosses communes. Donc, le président a fait une déclaration et il est fortement indigné. Nous exigeons une enquête internationale», a affirmé le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu.

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