Lac Kivu : la présence du gaz méthane à la surface est une « une spéculation », selon un chercheur

Côtes du Lac Kivu, le 2 avril 2014. Crédits photo : MONUSCO - Abel Kavanagh

Le lac Kivu est caractérisé par une stratification thermique très stable et il n'y a rien qui ait perturbé son équilibre. Le professeur Pascal Isumbisho l'a affirmé vendredi 4 septembre dans une interview accordée à Radio Okapi. Ce chercheur en limnologie (Étude scientifique des lacs et des eaux lacustres), pêche et aquaculture révèle estime que la présence du gaz méthane à a surface du lac est « une spéculation ». Selon lui, même les éruptions volcaniques telles que celles de 2002 et 2008 ne pourraient perturber sa stabilité.

« Les eaux du Lac Kivu sont étagées. Il y a plusieurs paliers. Cet étagement est fait sur base de la densité de l'eau. Les eaux profondes sont plus denses parce que plus chargées en nutriment que les eaux de surface », a affirmé Pascal Isumbisho.

Il pense que les alertes de ces derniers jours sur la montée du gaz méthane à environ 9 m de la surface relève de la spéculation.

« Kivu c'est le lac du monde dont la température du fond est supérieure à la température de la surface. Physiquement et chimiquement, cela ne devrait pas s'expliquer, parce que les eaux plus chaudes devraient être au-dessus des eaux froides. Mais pour le lac Kivu, c'est cette densité qui maintient les eaux chaudes en profondeur et les eaux relativement froides vers la surface », explique le professeur Pascal Isumbisho.

Le 24 août dernier, le Réseau provincial des ONG de défense des droits de l'homme Sud-Kivu avait demandé au gouvernement central d'entamer sans délai, le processus de dégagement du gaz méthane et du dioxyde de carbone en saturation dans le lac Kivu.

Selon ces ONG, le gaz méthane qui est à 9 mètres de la surface des eaux constituait un danger pour les êtres vivants, indiquant que plus de 50 chèvres attachées dans différents milieux étaient mortes, suite au gaz dégagé par ce lac.

Pour le professeur Pascal Isumbisho, cette stratification thermique est stable et « ne peut pas changer aujourd'hui ».

« C'est depuis qu'on a commencé à étudier le lac Kivu, ça se présente comme ça. Nous avons une zone où les eaux peuvent se mélanger jusqu'à 60 ou 70 m de profondeur », a-t-il ajouté.

Il a précisé qu'une forte concentration se trouve à partir de 150 mètres de profondeur du lac Kivu :

« En dessous de 70 m de profondeur, nous avons plusieurs paliers, en commençant par un premier palier à 150 m de profondeur, 200 ou 350 mètres de profondeur et c'est dans ces eaux profondes à partir de 150 mètres de profondeur qu'on trouve une forte concentration en gaz méthane. »​
 

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