À partir de ce mercredi 21 mai 2025, les véhicules poids lourds de plus de 20 tonnes, notamment ceux transportant des matériaux de construction, des boissons ou effectuant des livraisons dans les bars et autres établissements similaires, sont interdits de circulation en journée dans la capitale congolaise. Cette décision, qui en fait n'est pas une nouveauté, émane du gouvernement provincial de Kinshasa. Elle a été annoncée dans un communiqué officiel publié le mardi 20 mai.
Selon ce document signé par le ministre provincial des Transports, Bob Amisso Yoka, les véhicules concernés ne pourront désormais circuler que de 22h à 5h du matin sur l’ensemble de la ville de Kinshasa. Tout contrevenant à cette mesure s’expose à des sanctions, prévient le ministère. La mesure règlementant la circulation de gros engins dans la ville de Kinshasa existe déjà depuis quelques années, mais se concentraient aux véhicules remorques en provenance de la province portuaire du Kongo-Central.
La nouvelle mesure de l'exécutif provincial vient donc élargir cette limitation à d'autres types des gros véhicules : transports des boissons, matériaux de construction, livraison dans les bars et autres établissements similaires.
Depuis plusieurs mois, la capitale congolaise fait face à des embouteillages persistants sur presque tous les axes routiers, obligeant de nombreux habitants à parcourir de longues distances à pied pour rejoindre leurs destinations.
De longues files de véhicules sont régulièrement observées sur les principales artères, perturbant la vie quotidienne et, en particulier, les activités scolaires. Élèves et enseignants, souvent bloqués dans les embouteillages, peinent à arriver à l’heure dans leurs établissements. La situation est similaire pour de nombreux travailleurs.
Pour tenter de résoudre ce problème, les autorités avaient déjà instauré, il y a quelques mois, un système de circulation alternée sur certaines avenues. Cependant, cette mesure a été levée après avoir montré ses limites et n’avoir pas permis d’atteindre les résultats escomptés.
Une mesure controversée
L’interdiction de circulation des camions de plus de 20 tonnes durant la journée suscite une vive controverse à Kinshasa.
Si cette mesure est approuvée par les conducteurs de petites voitures, elle est fortement contestée par le syndicat des camionneurs.
Les conducteurs de véhicules légers estiment que cette décision est bénéfique, accusant les poids lourds d’être à l’origine des embouteillages récurrents sur plusieurs axes de la capitale congolaise.
Cependant, le syndicat des camionneurs dénonce cette analyse et met en avant plusieurs préoccupations :
- Le manque de sécurité nocturne dans certains quartiers où ils doivent désormais effectuer leurs livraisons,
- La nécessité de revoir leurs contrats actuels avec leurs clients, afin d’inclure les compensations liées au travail de nuit, une question qu’ils jugent complexe.
Une décision imposée sans concertation
« Les travailleurs ne sont pas d’accord. Depuis hier, des voix s’élèvent de toutes parts. Nous aurions souhaité que cette mesure fasse l’objet d’une discussion entre les syndicats du secteur et les autorités, mais cela n’a pas été le cas. On annonce une décision et on veut immédiatement l’appliquer. > Même au regard de la législation du travail, il y a des points à revoir, car cette interdiction nous contraint à un travail de nuit. Or, les contrats signés par les travailleurs ne prennent pas en compte cet aspect », c’est en ces termes que André Tshikoji, président national des Forces ouvrières du Congo et de l’intersyndical professionnel du secteur des transports, exprime son mécontentement.
Face à ces difficultés, le syndicaliste appelle à la suspension de cette décision, en attendant des discussions approfondies avec les ministères du Travail et des Transports, afin que ces préoccupations soient prises en compte :
« Pour nous, cette mesure doit être suspendue. Nous devons discuter avec les autorités, notamment le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale ainsi que ses services. Il est aussi indispensable d’associer le ministère des Transports pour trouver une solution juste, qui permette à ces travailleurs de ne pas être sacrifiés ».