Forum des As : « Mutamba rattrapé par l'odeur du détournement qu'il dénonçait hier encore »

Revue de presse du jeudi 22 mai 2025

Deux sujets intéressent les médias congolais ce jeudi : la demande de l’autorisation afin de poursuivre Constant Mutamba et l’éventuelle levée des immunités de Joseph Kabila.

Le Procureur général près la Cour de cassation demande à l’Assemblée nationale l’autorisation de poursuivre le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, pour présumé détournement, rapporte Africa News. Vital Kamerhe en a fait part à la plénière de la chambre basse du Parlement le mercredi 21 mai.

Le président de la Chambre basse du Parlement, Vital Kamerhe, a révélé avoir reçu du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, un réquisitoire sollicitant la levée des immunités parlementaires, en vue de l'ouverture d'une instruction judiciaire contre le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, pour détournement présumé de fonds publics, estimés à 39 millions de dollars, alloués à la construction d'un complexe pénitentiaire à Kisangani, dans la province de la Tshopo, précise 7sur7.cd.

Cette correspondance, lue lors de la plénière du mardi 20 mai 2025, accuse le ministre de n’avoir pas respecté les procédures régissant l'attribution des marchés publics. Le procureur général a également critiqué le choix de l'entreprise Zion Construction, soulignant qu'elle n'existe que depuis un an, ne dispose d'aucun personnel administratif et ne possède qu'un capital de seulement 5000 dollars américains, ajoute le portail.

De son côté, le président national de l'Association africaine des droits de l'homme (ASADHO), Jean-Claude Katende, appelle à la vigilance et à la prudence, relaie Mediacongo.net.

«  Si le ministre Mutamba a détourné l'argent public, qu'il soit poursuivi. Mais si ce sont des allégations montées contre lui par des politiciens ou des opérateurs judiciaires contre lesquels il s'était levé depuis qu'il est à ce ministère, nous devons lui apporter notre soutien. Gardons les yeux ouverts, car la justice est rendue en notre nom », a-t-il déclaré dans les propos repris par le média.

Constant Mutamba, ministre de la Justice, lui qui, à peine entré au gouvernement, promettait de faire mordre la poussière aux détourneurs de deniers publics, se retrouve aujourd'hui face à un boomerang judiciaire, lancé depuis la Cour de cassation, commente Forum des As. Comme un clin d'œil cruel du destin, le chantre autoproclamé de la rigueur est aujourd'hui éclaboussé par ce qu'il exécrait détournement de fonds publics, conclut le journal.

Parallèlement, Junior Mata, directeur général de la CNSSAP, est interpellé pour un présumé détournement de 20 millions USD dédiés à des projets immobiliers, fait remarquer Le Potentiel. Cependant, des ONG dénoncent une protection apparente des proches du président Félix Tshisekedi, notamment l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui reste libre malgré des appels à sa mise en examen. Ce climat d’impunité soulève des questions sur l’équité du système judiciaire congolais, note le quotidien.

Après la lecture du réquisitoire par le rapporteur de l'Assemblée nationale Jacques Djoli, Vital Kamerhe a annoncé la mise en place d'une Commission spéciale qui devra auditionner le ministre avant que la plénière passe à l'étape de l'autorisation de l'ouverture de l'information judiciaire contre Constant Mutamba, complète Actualite.cd.

Après audition de Mutamba, la commission spéciale va également écouter le procureur général près la Cour de cassation afin de justifier sa demande de levée des immunités parlementaires de l’élu de Lubao, ajoute le portail. 

Décision attendue dans l’affaire Kabila

C'est ce jeudi 22 mai 2025 que le sénateur à vie sera fixé sur la levée ou non de ses immunités, en réponse au réquisitoire que l'auditeur général de la haute Cour militaire a adressé à cette chambre parlementaire taire aux fins d'ouverture d'une information judiciaire contre l'ancien président de la République soupçonné d'être en intelligence avec la rébellion du M23/AFC, annonce Le Potentiel.

Depuis l'ouverture de cette affaire, rappelle Forum des As, une commission spéciale de 40 membres, présidée par Christophe Lutundula, a travaillé dans une atmosphère feutrée, mais sous haute pression. Trois jours, 72 heures exactement, leur ont été allouées pour entendre les parties concernées. Si l'auditeur général s'est prêté à l'exercice, Joseph Kabila, lui, est resté sourd aux convocations, ajoute le journal.

Le rapport de la commission sera soumis au vote en séance plénière, précise Mediacongo.net. En cas d’approbation, l’ancien chef de l’État pourrait être exposé à des poursuites judiciaires sans précédent dans l’histoire politique de la RDC.

Au-delà de la procédure, l’affaire fait ressurgir le débat sensible sur l’immunité des anciens présidents, commente le portail.