Karel De Gucht: "Je ne suis pas rancunier..."


Karel De Gucht répondant aux questions de G. Kamudjova, Bruxelles, 19/03/10

 Il pourrait bientôt être doux dans ses déclarations face aux dirigeants congolais. C’est l’impression qu’a donné, vendredi matin, Karel De Gucht en s’entretenant avec une quinzaine de journalistes africains en séminaire à Bruxelles. “Je ne suis pas un homme rancunier”, a déclaré le Belge à la question de savoir si ses relations personnelles avec certains pays d’Afrique centrale ne vont pas freiner la nouvelle pénétration de l’Europe aux marchés africains.

 
Le nouveau commissaire européen au commerce veut insuffler un nouvel élan dans les relations commerciales entre l’Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbe et Pacifique).
 
Cela passe par la signature des accords de partenariat économique dont les négociations boitent, en particulier, avec l’Afrique centrale dont le Congo-Kinshasa.

Karel De Gucht a déclaré:

Je suis prêt à discuter avec les dirigeants de la RDC mais la question est aussi de savoir comment ce pays entrevoit son avenir économique.

Pour l’Union européenne, qui veut voir les échanges commerciaux s’intensifier aussi entre pays africains à travers les organisations sous-régionales, l’intégration économique est donc au coeur des accords en prévision.

La Communauté économique des pays de Grands-Lacs (CEPGL) est une cible essentielle dans ces relations même si la RDC s’active plus dans la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale.

D’où l’inquiétude du commissaire européen au commerce:

Ça n’avance pas du coté de la CEPGL parce que la RDC est la plus réticente.

Pourtant, selon Karel de Gucht, le commerce contribuera à stabiliser certaines régions d’Afrique, dont les Grands-Lacs:

Il faudra trouver une formule régionale pour combattre les problèmes de la région.

Avec quel interlocuteur?

Si Karel De Gucht veut signer des accords de partenariat économique en Afrique centrale et en particulier avec la RDC, il lui faudra bien trouver des interlocuteurs.

A ce sujet, le commissaire européen au commerce a déclaré:  

Les interlocuteurs, c’est sera le gouvernement, les responsables des organisations régionales,…  

Pourtant, ses récentes déclarations étaient interprétées à Kinshasa comme un manque de considération envers les autorités congolaises. Pour affronter ses interlocuteurs, Karel de Gucht prévoit des visites très prochainement.

Reste à savoir si les portes de la RDC lui seront ouvertes après qu’il a été déclaré personna non grata à Kinshasa.

L’Europe offusquée par la Chine

La Chine constitue l’autre difficulté que devra contourner Karel De Gucht pour obtenir un accord commercial avec la RDC.

Le Congo-Kinshasa pourrait bien lui réserver une réponse similaire à celle d’autres pays africains qui estiment qu’il faut d’abord avancer sur le développement et la construction des infrastructures avant de libéraliser les échanges avec l’Union européenne.

Karel De Gucht reste critique:

Je ne suis pas du tout convaincu que la population plébiscite les Chinois. Ils apportent leur main-d’oeuvre et ça ne réjouit pas les Africains.

Dans le cadre de la RDC, le commissaire européen au commerce pense aussi que le “deal” est déséquilibré et estime qu’il faut déjà savoir à quoi vont servir les routes que construisent les Chinois. 

Karel De Gucht soutient que l’activité de la Chine ne devrait pas effacer les relations bénéfiques anciennes et à venir entre l’Union européenne et les pays ACP.