Même si les mesures prises hier pour la croissance font l’objet d’un consensus depuis des mois, Hollande veut y voir le fruit de ses efforts.
Mario Monti, le président du Conseil italien, a annoncé que les quatre pays participant au mini-sommet (Allemagne, France, Italie et Espagne) étaient tombés d’accord sur les contours d’un paquet de mesures en faveur de la croissance de l’ordre de 1 % du PIB de l’Union européenne, soit de 120 à 130 milliards d’euros. Il en faudra plus pour que la France s’engage à ratifier le pacte de discipline budgétaire conclu début 2012, dit-on de source diplomatique française. “Le volet croissance est essentiel, mais il y a aussi la stabilité financière”, explique-t-on de même source. “Il faudra que le Conseil européen adopte des décisions ambitieuses.”
Le nouveau président français n’en a pas moins voulu voir dans cet accord le fruit de son plaidoyer pour ajouter un volet croissance au pacte budgétaire, même si ces mesures font en fait l’objet d’un quasi-consensus depuis des mois. “Qui aurait pu dire il y a encore quelques semaines (que la croissance) serait à ce point à l’ordre du jour d’un Conseil européen ?” a-t-il dit lors d’une conférence de presse commune. “La croissance (…) est devenue la priorité.”
“Pas d’austérité” pour la France
La chancelière allemande, réticente vis-à-vis de tout ce qui pourrait aggraver l’endettement des pays de l’euro, a confirmé son ralliement à des mesures d’urgence pour la croissance. “Je suis d’accord avec ce 1 % du PIB européen qui doit être investi dans la croissance”, a dit Angela Merkel. “Je pense que c’est véritablement le bon signal, celui dont nous avons besoin.” Elle a néanmoins insisté sur le fait que “la croissance et des finances solides (étaient) les deux faces d’une même médaille”.
François Hollande a lui aussi fait entendre sa petite musique. Tout en admettant que la France avait encore à faire la preuve de son “sérieux budgétaire”, il a estimé qu’il y avait des limites. “Je suis contre l’austérité”, a-t-il dit. Mario Monti les a renvoyés dos à dos : “Je vous invite à ne pas oublier qu’il y a dix ans (…) l’Allemagne et la France, avec l’autorisation et la complicité de la présidence italienne, avaient dérogé aux règles de l’euro.” “Et il a fallu pratiquement dix ans pour retrouver une crédibilité qui n’avait pas été mise à mal par la Grèce ou le Portugal, mais par deux pays parmi les plus puissants de la zone euro”, a ajouté le président du Conseil italien.
Les quatre dirigeants ont par ailleurs confirmé leur accord sur la mise en place d’une taxe sur les transactions financières dans le cadre d’une “coopération renforcée”. Pour lancer une telle coopération, il faut au moins neuf États volontaires, rappelle-t-on de source diplomatique auprès de la présidence française. Or, une douzaine de pays prêts à s’engager ont été recensés, assure-t-on de même source.
Angela Merkel, François Hollande, Mario Monti et Mariano Rajoy ne sont en revanche guère allés au-delà des déclarations d’intention sur la création de nouveaux instruments de stabilisation financière et de supervision du système bancaire. Le président français n’insiste certes plus sur la création rapide d’obligations européennes pour mutualiser les dettes publiques des États de la zone euro, dispositif auquel Angela Merkel reste opposée. Il a néanmoins affirmé qu’il n’était pas question pour lui d’attendre dix ans.
Une feuille de route
“Je considère que ça doit être une perspective, pas à dix ans”, a-t-il déclaré. “À mesure qu’il y aura une union, une intégration, les eurobonds seront un instrument utile pour l’Europe et je continuerai de travailler dans ce sens.” Quant au renforcement de l’intégration européenne, “c’est là-dessus que nous avons les débats les plus difficiles”, a admis François Hollande devant la communauté française lors d’une réception à la résidence de l’ambassadeur de France.
Il ne conçoit, pour sa part, les abandons de souveraineté, que suppose une intégration politique européenne plus poussée, qu’en contrepartie d’améliorations des mécanismes de solidarité entre les États membres de la zone euro. “Nous nous sommes retrouvés sur une vision commune de l’Union économique et monétaire, sur une feuille de route qui supposera à chaque étape de l’union – union monétaire, union bancaire – des instruments qui correspondent à cette volonté de travailler ensemble”, a-t-il néanmoins assuré devant la presse.
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