RDC : l’arrêt de la Cour constitutionnelle divise la classe politique

Clément Kanku, président du Mouvement pour le renouveau le 4/06/2015 à Kinshasa attendant d'être reçu par le président Joseph Kabila dans le cadre des consultations en vue d'un dialogue avec les forces vives de la RDC. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Au lendemain de la publication d’un arrêt de la Cour constitutionnelle enjoignant le gouvernement de prendre des mesures transitoires exceptionnelles pour assurer la direction de nouvelles provinces et à la Ceni d’organiser l’élection des gouverneurs avant tout autre scrutin, l’opposant Clément Kanku estime que la Cour ouvre la voie à un glissement qui aboutirait au report des élections. Le député PPRD Ramazani juge en revanche l’arrêt de la Cour « équilibré ».

Le député de l'opposition et président du Mouvement du renouveau, Clément Kanku, se demande si l'arrêt de la haute cour ne donne pas au chef de l'Etat l'occasion de nommer des hauts fonctionnaires à la place des gouverneurs en attendant les élections des gouverneurs.

«Est-ce que la Cour constitutionnelle serait en train de donner un chèque en blanc au chef de l'Etat pour nommer des hauts fonctionnaires pour remplacer les fonctionnaires qui ont été élus pour un mandat de 5 ans ?», s'interroge-t-il.

L’opposant estime en outre que l'injonction faite à la commission électorale d'organiser l'élection des gouverneurs de nouvelles provinces avant celle des députés provinciaux risque d'occasionner un glissement qui aboutirait au report des prochaines élections.

« Nous pensons que la Cour ne peut pas imposer à ce qu'on organise les élections des gouverneurs dans les conditions actuelles. Ça serait cautionné le fameux glissement », affirme Clément Kanku.

Par ailleurs, le député de l'opposition estime que l'arrêt de la Cour constitutionnelle met en lumière l'incapacité de la Ceni d'organiser les élections ainsi que « l'incompétence » du gouvernement.

«Nous pensons que la Cour constitutionnelle n'a fait que mettre à jour l'incapacité de la Ceni à faire son travail. L'incompétence et l'amateurisme des membres de ce gouvernement sont révélés au grand jour», soutient Clément Kanku qui pense que le démembrement des provinces qui sont passées de onze à vingt-six a été précipité.

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« Un arrêt équilibré »

De son côté, Ramazani Shadari, député national et secrétaire général adjoint du PPRD, le parti présidentiel, juge l'arrêt de la Cour constitutionnelle équilibré et réaliste.

«Mon parti trouve que l'arrêt de la Cour constitutionnelle est un arrêt équilibré. Il a montré les difficultés qu'ont rencontrées les institutions. Et la Cour a indiqué que pour élire les gouverneurs, il fallait 120 jours après le démembrement (des anciennes provinces, NDLR), les 120 jours sont déjà dépassés», indique-t-il.

Ramazani Shadari rejette l'hypothèse de la nomination des hauts fonctionnaires à la tête des provinces.

«On ne va pas nommer les gens. On va élire les gouverneurs avant toute élection des députés provinciaux, dixit la cour. Mais en attendant qu'il y ait élection, la cour demande au gouvernement de prendre des mesures nécessaires pour assurer l'ordre et la sécurité. Et je crois que l'arrêt de la cour est un bon arrêt parce qu'il tient compte des réalités du pays sur le plan du droit politique et sur le plan logistique et matériel», soutient le député de la majorité.

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