Revue de presse de ce mercredi 21 mai 2025
Les journaux congolais reviennent, dans leur ensemble, sur le verdict de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga Lonzo.
L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été condamné mardi 20 mai, par la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo à 10 ans de travaux forcés pour détournement de deniers publics alloués au projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, lors d’une audience tenue à Kinshasa, rapporte l’Agence congolaise de presse.
La Cour a, en outre, prononcé les peines supplémentaires portant interdiction pour 5 ans, après l’exécution de la peine principale, du droit de vote et d’ éligibilité en ce qui concerne les prévenus Augustin Matata et Déogratias Mutombo, l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en soit l’échelon à charge des mêmes prévenus, la privation du droit à la condamnation et à la libération conditionnelle ainsi qu’à la réhabilitation à charge des prévenus Matata Ponyo et Déogratias Mutombo, ajoute l’agence.
Par ailleurs, note pour sa part La Tempête des Tropiques, la Cour a aussi prononcé l‘expulsion définitive du territoire de la RDC, après l’exécution de la peine à charge du prévenu Grobler Kristo, ordonné la confiscation des biens au prorata de la somme détournée de 158.849.413 dollars pour les prévenus Matata Ponyo et Globler Kristo et 89 millions de dollars américains pour les prévenus Augustin Matata et Déogratias Mutombo, avant de condamner chacun de ces prévenus au tiers des frais d’instance, payable dans le délai légal.
« Impunité fissurée : Matata condamné à 10 ans de prison par la Cour constitutionnelle », titre Info 27.
Pour le quotidien, jamais un ancien chef de Gouvernement n'avait été ainsi jugé et condamné pour des actes commis dans l'exercice même de ses fonctions. Dans un État longtemps plombé par la culture de l'impunité, cette décision devient un cas d'école, un signal clair que plus rien ne sera comme avant. La Cour constitutionnelle s'impose désormais comme un rempart contre les abus de pouvoir, conclut le tabloïd.
En parallèle de la condamnation de Matata Ponyo, commente Congo Nouveau, malgré de gros scandales de détournement, aucune tête de l'actuel régime n'est en prison.
Du projet de 100 jours à celui de l'érection des unités des forages dans les localités en passant par Tshilejelu, le PDL 145, l'acquisition des équipements militaires et autres, les scandales de détournement des deniers publics se sont multipliés sous l'actuel régime. Mais le constat sur le terrain est terrifiant : aucun dignitaire n'est en prison, analyse le tri hebdomadaire.
La Cour constitutionnelle, passant outre l’immunité parlementaire et les précédents arrêts, crée, par ce verdict, une jurisprudence controversée, fait remarquer Eco News. Pour la défense de M. Matata, c’est un « procès politique » ; pour le pouvoir, une victoire contre l’impunité, conclut le tri hebdomadaire.
Tout a commencé en novembre 2020, lorsque l’Inspection générale des finances (IGF) a publié un rapport accablant sur la gestion du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un projet gouvernemental lancé sous le mandat du Premier ministre Matata Ponyo, rappelle Africa News. Ce projet, censé promouvoir l’autosuffisance alimentaire et réduire la pauvreté, avait bénéficié d’un financement public de 285 millions de dollars.
L’enquête de l’IGF révèle qu’environ 205 millions de dollars auraient été détournés, ajoute Mediacongo.net.